PRINCIPE D'UNE CENTRALE INERTIELLE

CONTENU : Mis à jour décembre 2000, revu oct 2011

 

I PRINCIPE DE REALISATION

Matérialisation du repère absolu

Alignement et initialisation

Notion de plate forme stabilisée

II MESURE DE LA ROTATION

III LE NAVIGATEUR INERTIEL

Ce chapitre est une application directe de tous les exposés de gyroscopie qui ont précédé.

Avec l'invention de véhicules très spéciaux, comme les fusées et les capsules spatiales, les sous-marins ou plus classiquement les avions, sans parler des besoins spécifiques des militaires, il s'est imposé à l'homme la nécessité de mettre au point des systèmes de navigation.

Que demande-t-on à un navigateur classique?

 De connaître pour ce qui concerne la trajectoire, la position, la vitesse, l'accélération

 De connaître l'attitude( orientation spatiale) du véhicule et les vitesses angulaires instantanées autour d'axes liés au véhicule.

De toute évidence il n'a pas fallu attendre le XXème siècle pour y parvenir, la preuve en est apportée par toutes les expéditions maritimes ou terrestres de nos plus grands aventuriers ou explorateurs.

Est-ce un problème de précision?. Non, essentiellement une question de sécurité pour les applications civiles et de discrétion pour les militaires.

Que demande-t-on à un navigateur moderne?

Essentiellement de fournir les informations précédentes sans références externes ou du moins le minimum possible.

En effet :

 Une capsule spatiale peut très bien se trouver derrière la lune et ne plus voir la terre ou se trouver en alignement avec la Terre et le Soleil et donc être dans l'impossibilité de communiquer avec la terre.

 Un avion doit pouvoir voler sans visibilité.

 Un avion militaire doit pouvoir pénétrer en territoire ennemi sans se faire repérer et donc sans émettre ou recevoir quoi que ce soit.

 Un sous marin est censé rester sous l'eau jusqu'à un mois, sans refaire surface et sans se faire repérer. Etc...

Un navigateur moderne doit donc pouvoir travailler en autonomie complète, sans références extérieures. Ceci n'exclut nullement la présence de systèmes annexes utilisant des références externes, pour des recalages, des confirmations et une sécurité redondante.

 I PRINCIPE DE REALISATION :

Tout repose sur le PRINCIPE DE RELATIVITE D'EINSTEIN-GALILEE qui indique que dans une capsule spatiale, on est capable de mesurer dans un repère absolu Ra:

 Le vecteur rotation instantanée du véhicule.

 Le vecteur force spécifique f.

Dans un premier temps nous traitons des principes de fonctionnement et dans un deuxième des problèmes posés et des moyens pour y pallier.

1°) MATERIALISATION DU REPERE ABSOLU Ra :

a) Schéma de principe : Nous avons déjà à maintes reprises résolu le problème, grâce à 2 ( 3 par précaution ) gyros montés à la Poinsot, avec une suspension totalement isolée du véhicule, et pointant 3 directions stellaires choisies dans un catalogue d'étoiles.

En général ce groupe de gyroscopes constitue le COEUR de la centrale inertielle, puisqu'il va servir de référence pour les gyromètres et de référence pour stabiliser une plate forme.

 b) Montage réel détaillé :

Ce sont les 2 gyros ( gyro 1 et gyro 2 ) qui assurent le pointage des directions stellaires.

 Les moteurs couples MC1et MC2 commandent l'orientation de l'axe Za du gyro 1

 Les moteurs couples MC3et MC4 commandent l'orientation de l'axe Xa du gyro 2

NB 1: On aura remarqué que ces gyros sont montés avec chacun 2 armatures dans le solide noir appelée plate forme.

NB 2 : Sans entrer dans trop de détails signalons que les axes gyros sont éventuellement reliés à des axes de visée stellaire.

Nous avons donc "mémorisé" un repère de directions absolues.

En cas de dérives des gyros, des recalages sont prévus associés à des visées. Ces recalages interviennent notamment chaque fois que des manœuvres importantes sont envisagées.

2°) ALIGNEMENT ET INITIALISATION DE LA CENTRALE :

La deuxième opération consiste à aligner la plate forme (P) sur les directions stellaires, ou encore aligner les axes plate forme Xp,Yp,Zp sur les axes absolus.

ALIGNEMENT =

A l'instant initial, cette opération porte le nom d'INITIALISATION DE LA CENTRALE, et à un instant quelconque on l'appellera ASSERVISSEMENT DE LA PLATE FORME.

Tout repose sur une rotation d'erreur détectée par des PICK OFF ( détecteurs d'écarts angulaires) placés sur les articulations des axes en 1-2-3-4. Nous noterons PO1,...,PO4.

(P) se décale par rapport aux gyros. On note dW la rotation de (P) par rapport à Ra.

 PO1 détecte da autour de Xp, PO2 db autour de Yp et PO3, dg autour de Zp.

Les moteurs MO1, MO2, MO3, commandés par une électronique adaptée, génèrent des rotations autour des 3 axes dy autour de Z1, dq autour de X2 et dj autour de Y2.

La logique de l'asservissement est fondée sur :

Le lecteur a l'occasion de réviser ses connaissances sur les angles d'Euler, pour aboutir aux relations de commande :

Les projections fournissent sans problème les relations de correction.

NB 1: On retrouve toujours la même singularité pour q=90° ou 270°, lors de l'alignement des axes Z1 et Y2 des 2 armatures de suspension de (P). La figure est réalisée avec q=0°, en position nominale.

NB 2 : Le RESOLVER RS( en rouge sur la figure) est chargé de réaliser la combinaison linéaire de da et dg.

NB3 : On peut imaginer et c'est la tendance actuelle, une détection des écarts angulaires par des gyromètres intégrateurs directement disposés sur la structure de (P), en STRAPDOWN et mesurant les infimes écarts d'orientation de (P).

NB3 : La centrale décrite est celle qui équipe le MIRAGE 2000, son nom UNI 52.

3°) NOTION DE PLATEFORME STABILISEE :

Nous venons de montrer comment un solide (P) peut être immobilisé avec ses axes constamment alignés sur ceux d'un repère absolu Ra. Un tel solide est appelé PLATEFORME STABILISEE.

Dans la suite, nous la dessinerons comme un parallélépipède rectangle, en oubliant tous les équipements nécessaires à sa stabilisation. Nous ne nous occuperons plus que de l'usage que l'on peut en faire.

II MESURE DE LA ROTATION :

Continuant sur ce même schéma de centrale inertielle, montrons que la mesure de l'orientation et de la vitesse angulaire est possible, grâce à des capteurs au niveau des articulations.

La plateforme( en noir) étant stabilisée en permanence, des capteurs angulaires ( potentiomètres en rouge ) et des capteurs de vitesse angulaire ( génératrices tachymétriques en noir), disposés sur les articulations des armatures deCardan ( en rose ) mesurent en continu les angles d'orientation y, q, j et leur vitesse angulaire.

Nous confirmons ainsi la possibilité de mesurer notamment le vecteur rotation absolu du véhicule dans un repère galiléen. Une des affirmations du principe d'Einstein-Galilée est donc vérifiée.

La plateforme sert donc ici de référence d'attitude.

III LE NAVIGATEUR INERTIEL :

1°) EQUIPEMENTS NECESSAIRES:

 Une plate forme (P) stabilisée 3 axes, surveillée par exemple par 3 gyromètres

 Un boîtier accélérométrique lié à la plate forme

 Un calculateur en temps réel

 Une mémoire logicielle de calcul du champ de gravitation en tout point de l'espace

 Les équipements d'affichage ( ce que nous ne traiterons pas )

2°) FONCTIONNEMENT DU NAVIGATEUR :

 Le diagramme fonctionnel est le suivant :

 Le cœur de la centrale avec ses accéléromètres, mesure comme prévu non pas l'accélération mais la force spécifique du véhicule. F désigne l'accélération vectorielle due au champ de gravité régnant à la position vectorielle R du centre d'inertie de l'engin en mouvement

C'est cette information qui "attaque" le calculateur qui traite l'information comme le détaille le schéma ci-dessous.

 Le lecteur remarquera l'importance de l'initialisation en position et vitesse e n début de calcul.

REMARQUE 1: le lecteur aura observé le bouclage de contre réaction qui permet de retrouver l'accélération absolue, grâce au calcul du champ de gravitation F de la position. Ce calcul est du ressort d'un logiciel et d'une mémoire de la position des astres massiques pris en compte.

REMARQUE 2: Peut-être le lecteur n'aura-t-il pas réalisé qu'avant la première intégration, nous sommes au temps t et qu'à la sortie des 2 intégrations, là où est initialisé le calcul du champ F, le temps est maintenant t+DT, c'est avec un pas de temps d'avance. Ce fait est une cause d'erreurs divergentes sur tous les calculs d'altitude.

Par exemple pour un vol horizontal, une centrale inertielle d'avion donnera d'excellents résultats en latitude et longitude, mais l'altitude est beaucoup moins bonne d'autant plus que le temps d'intégration est long.

En sortie de calculateur, le véhicule connaît son accélération absolue, sa vitesse absolue, le rayon vecteur de sa position dans un référentiel absolu. En somme tout ce qu'il faut pour savoir où on est.

Le système portera le nom de NAVIGATEUR INERTIEL, le qualificatif d'inertiel provenant des propriétés du gyroscope et de sa grande stabilité de pointage.

Rappelons ses qualités :

Discrétion

Autonomie totale

Insensibilité aux brouillages, conditions météorologiques, environnement ( sauf peut-être température)

Fonctionnement en continu, en tout lieu

Insensible pratiquement au comportement du véhicule porteur

Bruit de fonctionnement inexistant ou très faible

Faible encombrement comme le montre la photo ci-contre de la plateforme.

3°) ERREURS :.

Les gyroscopes sont soumis à des dérives qui conduisent à un mésalignement des axes plate forme par rapport au axes absolus. Les accéléromètres présentent des erreurs de linéarité de seuil, de biais qui augmentent les erreurs de la centrale.

a) Pour les missions spatiales, le problème est résolu en observant:

 Qu'en dehors des phases courtes de lancement, de corrections de trajectoire, de maintenance d'orbite, les lois de la mécanique spatiale sont d'une extrême précision et que les modèles de champ de gravitation sont aujourd'hui parfaits. On n'a donc besoin du navigateur que durant les phases motorisées, soit pour orienter le véhicule, soit pour un changement de vitesse.

 Que les dérives ont peu d'effet sur des temps courts. Or c'est le cas souligné auparavant.

 Que les dérives a long terme qui pourraient affecter l'orientation de la plate forme (P), peuvent être supprimées par un recalage juste avant une manœuvre programmée.

 Pour des missions longue durée ou à grandes distances comme les missions interplanétaires, une navigation stellaire permet d'actualiser la position et la vitesse du véhicule, avant une manœuvre.

b) Pour les avions, les vols sont de plus longue durée, du moins pour les avions civils, et un recalage perment est effectué, nous n'en dirons pas plus.

De plus, en aéronautique la centrale doit fournir une position relative à la Terre ( Latitude, Longitude, Altitude ), le calculateur doit donc mémoriser le mouvement de la Terre par rapport aux étoiles ( surtout en rotation ) pour restituer par différence la position relative.

De même le pilote d'un avion a besoin de connaître les angles classiques particuliers que sont le roulis, le tangage, le lacet.

C) CLASSE D'UN NAVIGATEUR INERTIEL:

La grandeur de la dérive limite la durée d'utilisation sans recalage. On distingue alors la qualité technologique par le niveau de cette dérive :

Classe engins : 0.1 à 0.01°/h

Classe aéronautique : 0.01 à 0.001°/h

Classe Sous-Marins : 0.001 à 0.0001°/h

IV Où se renseigner:

a) ENTREPRISES :

Il faut citer la SAGEM ( Société d'Applications Générales d'Electricité et de Mécanique) dont les activités sont réparties en 3 domaines essentiels : http://www.sagem.com/fr/

 NAVIGATION-GUIDAGE-PILOTAGE

 TELEINFORMATIQUE

 EQUIPEMENTS INDUSTRIELS

La SAGEM est notamment spécialisée dans les gyromètres, gyroscopes flottants, gyroscopes accordés, gyroscopes à suspension électrostatique ( GSE), gyroscopes lasers, à fibres optiques, vibrants.

Egalement THOMSON-CSF SEXTANT http://www.sextant-avionique.com/fr/

b) SPECIALISTE FRANCAIS ET BIBLIOGRAPHIE:

Sans aucun doute, ses nombreuses publications ses cours le démontrent, c'est JC RADIX.

Citons comme publications :

Systèmes inertiels à composants liés Cépaduès 1980 JC RADIX

Navigation par inertie Dunod 1962 J CARPENTIER, JC RADIX, J BOUVET, G BONNEVALLE.

GUIZIOU Robert décembre 2000, sept 2011

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